Zamenis longissimus.

Nom vulgaire: Couleuvre d'Esculape

Espèce: Zamenis longissimus

Sous-espèce: Pas de sous-espèce

Répartition: Deux tiers sud de la France

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La couleuvre d'Esculape, Zamenis longissimus, anciennement Elaphe longissima, est une espèce de serpents de la famille des Colubridae.

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Déscription.

La couleuvre d'Esculape est un long serpent mesurant environ 110 cm à 160 cm à l'âge adulte (rarement 200 cm). Son corps est assez mince et élancé, avec une tête fine et assez allongée, un museau arrondi et son cou est plus ou moins marqué. Ses yeux sont de taille moyenne avec des pupilles rondes et un iris brun jaunâtre ou grisâtre, parfois un peu orangé. Les adultes sont en général assez uniformément brun, beige-jaunâtre à olivâtre, plus ou moins foncé ou clair, et parfois gris-noir chez certains individus dans les Balkans. La livrée est brillante avec un aspect un peu doré ou de bronze, se renforçant avec l'âge, les vieux individus étant souvent plus clairs. La tête et parfois l'avant du corps ont des tons jaunâtres plus soutenus. Le dos est orné de très fines mouchetures de blanc pur en petits tirés longitudinaux situés sur les bordures des écailles ; elles tendent à disparaître chez les vieux individus. De chaque côté du cou, de larges croissants jaune clair peu marqués sont recourbés vers les temporales ; ils s'estompent également avec l'âge. Des parties dorsales peuvent avoir des nuances brunes, grisâtres, jaunâtres, ocres, verdâtres. Chez certains individus des bandes longitudinales claires et sombres très peu contrastées apparaissent sur le dos. Les flancs et le ventre sont jaune pâle, unis ou légèrement mouchetés de brun à la séparation dorso-ventrale. Le mélanisme est rare, l'albinisme l'est un peu moins. Les écailles dorsales sont lisses, plates et vernissées, parfois légèrement carénées dans la région postérieure. Elles sont disposées en 21 ou 23 rangs à mi-corps. Les ventrales sont larges et étroites au nombre de 212 à 248 (anomalies fréquentes) ; elles montrent une arête de chaque côté. Les 60 à 91 urostèges sont divisées ; les anales sont divisées elles aussi. Les écailles et les plaques sur son front sont triangulaires, aussi large que longue, en contact direct avec les supraoculaires ; les pariétales sont plus longues mais à peu près aussi larges que les frontales. La rostrale légèrement saillante, très peu visible de dessus, plus large que haute, plus ou moins divisée. La grande loréale, aussi haute que longue ; 1 préoculaire de taille sensiblement identique à la 4e supralabiale ; 2 postoculaires et 2+1 temporales ; 8 ou 9 supralabiales (4 et 5 en contact avec l'œil) et 9 ou 10 infralabiales. Labiales et rostrale jaune pâle, mouchetées supérieurement de brun ; 4e supralabiales séparées de la 5e par une mince ligne verticale sombre ; elle se retrouve plus bas, mais moins nette, entre les 5e et 6e infralabiales. Un petit point blanc bleuté marque postérieurement chaque dorsale. Les jeunes ont un pseudo-collier jaune un peu semblable à celui de la couleuvre à collier. Ce pseudo-collier peut persister chez les jeunes adultes. Les juvéniles sont vert clair ou vert marron avec de nombreuses petites taches foncées sur le corps et ont deux lignes légèrement plus foncées qui se trouvent en haut des flancs. La tête des juvéniles dispose également de plusieurs taches sombres distinctives, un sabot sur l'arrière de la tête, entre les bandes du cou jaune, et deux autres paires de taches, une bande horizontale allant de l'œil au cou, et une courte bande verticale reliant l'œil avec le quatrième au cinquième écailles labiales supérieures.

Répartition.

La distribution de la couleuvre d'Esculape couvre de nombreuses régions d'Europe du Sud et d'Europe moyenne, jusqu'aux environs du 49e parallèle au nord de son aire. Elle est présente dans la majorité des régions de France métropolitaine, sauf dans les parties les plus septentrionales et la Corse. Elle arrive au nord jusqu'aux environs de la latitude de Paris et de la Normandie, jusqu'à la partie sud du département du Calvados. Sa distribution est cependant discontinue en France avec de nombreuses et larges lacunes un peu partout dans le pays. En Espagne elle est présente seulement dans les Pyrénées espagnoles et sur la côte septentrionale. Elle peuple la majeure partie de l'Italie (à l'exception du Sud et de la Sicile), et la quasi-totalité de la péninsule des Balkans (hormis quelques extrémités de la Grèce), et certaines parties de l'Europe centrale et orientale en arrivant au nord jusque dans les Carpates : le sud de la Suisse, les régions basses de l'Autriche, le sud de la Tchéquie (Moravie), la Hongrie, la Slovaquie, l’extrême sud de la Pologne, et le sud-ouest de l'Ukraine. Des populations plus isolées sont connues en Allemagne occidentale (Schlangenbad, Odenwald, Salzach inférieur), et d'autres le long de la frontière sud-est (près de Passau) reliées à la zone de distribution contiguë en Autriche. Une population isolée dans le nord-ouest de la Tchéquie, près de Karlovy Vary, constitue la population la plus septentrionale connue de nos jours. On trouve également une aire séparée au sud du Grand Caucase, sur les rives russe, géorgienne et turque de la mer Noire. Deux autres enclaves sont référencées, la première autour du lac Ourmia dans le nord-ouest de l'Iran, et sur le versant nord du mont Ararat dans l'est de la Turquie. Laughlin avait émis l'hypothèse que certaines parties de la répartition géographique de l'espèce pourrait être le résultat de placements intentionnels de ces serpents par les Romains dans les temples d'Asclépios, dieu de la médecine classique, où ils étaient importants dans les rituels médicaux et le culte du dieu. Mais à la lumière des études génétiques récentes et des fossiles, la plupart des populations européennes, même les plus nordiques, sont aujourd'hui perçues comme étant vraisemblablement autochtones. Selon les nombreux sub-fossiles retrouvés, l'aire de répartition de la couleuvre d'Esculape montait bien plus au nord qu'aujourd'hui en Europe durant la période de l'Atlantique, il y a environ 8 000 à 5 000 ans, soit dans la première moitié de l'Holocène, période où le climat était plus chaud qu'à l'ère moderne. Des sub-fossiles datant de cette période sont trouvés au nord jusqu'au Danemark. La population septentrionale tchèque actuelle est maintenant considérée comme un vestige autochtone de cette distribution maximale. Sur la base des résultats des analyses génétiques, cette population de Tchéquie est plus apparentée aux populations des Carpates. Cela vaut sans doute aussi pour les populations allemandes actuelles. Une population localisée a même survécu au Danemark jusqu'aux temps historiques, et elle fut observée et prélevée par les naturalistes danois durant une assez longue période, du XVIIe jusqu'à la fin du XIXe siècles, puis considérée comme disparue dans les années 1900. Trois individus collectés vivants dans le sud de l'île de Seeland en 1810, 1851 et 1863, puis conservés jusqu'à aujourd'hui dans l'éthanol dans des muséums danois, ont pu être analysés génétiquement pour déterminer leurs affinités avec les populations actuelles de l'espèce. Comme pour la population relictuelle tchèque, ils sont génétiquement plus proches des populations des Balkans et des Carpates, mais plus éloignés des populations de Grèce, d'Italie ou de France. Les scientifiques pensent donc aujourd'hui que cette population danoise des temps modernes était probablement relictuelle et autochtone, descendante des populations qui ont peuplé l'Europe centrale et septentrionale depuis le refuge glaciaire des Balkans, et qui étaient arrivées jusqu'au Danemark à la faveur de l'optimum climatique de l'Holocène. Il y a aussi des fossiles montrant une présence dans le sud de l’Angleterre, pendant les périodes interglaciaires précédentes, mais ces populations ont été chassées au sud lors des glaciations. Ces contractions et extensions de l'aire de répartition en Europe semblent avoir eu lieu plusieurs fois au cours du Pléistocène. Deux populations actuelles en Grande-Bretagne de couleuvres d'Esculape découlent d'introductions récentes à partir d'échappées de captivité. La plus ancienne se trouve dans le voisinage de la Mountain Zoo Welsh près de Conwy dans le nord du pays de Galles. Cette population a persisté et s'est reproduite pendant au moins les 30 dernières années. Une seconde, la population la plus récente a été trouvée dans et autour de Regent's Park à proximité de Regent's Canal à Londres et les comptages montrent une population de 30 individus. Les spécialistes soupçonnent cette colonie d'être passée inaperçue pendant quelques années.

Sous-espèces et espèces proches.

Zamenis longissimus est désormais considérée comme une espèce monotypique, car ne comportant plus de sous-espèce reconnue. L'ancienne sous-espèce Zamenis longissimus romanus (autrefois Elaphe longissima romana), qui peuple le sud de l'Italie et la Sicile, a été récemment élevée au rang d'espèce séparée : Zamenis lineatus. Cette couleuvre est de taille assez similaire ou un peu moins grande, de couleur plus claire avec des lignes sombres sur le dos et les flancs, et des yeux à iris rouge-orange. Les populations auparavant classées comme Elaphe longissima vivant dans le sud-est de l'Azerbaïdjan et les forêts du nord de l'Iran ont aussi été reclassées par Nilson et Andrén en 1984 comme Elaphe persica, maintenant Zamenis persicus. Cette espèce est nettement moins grande avec une coloration plus variable d'un individu à l'autre, parfois plus sombre, et avec aussi un iris rougeâtre.

Habitat.

La couleuvre d'Esculape est le serpent européen le plus adapté à la forêt tempérée. Elle préfère les boisements clairs dotés de trouées et clairières qui lui fournissent des zones d'insolation. Elle apprécie les châtaigneraies et les chênaies claires, les forêts alluviales et les lieux arborés le long des fleuves et rivières, mais aussi les pentes rocheuses partiellement boisées et les coteaux envahis de buissons. On la rencontre aussi dans les campagnes dotées de haies et d'arbres. En Bourgogne par exemple, elle est surtout présente dans les bocages denses. Les lisières forestières, les anciennes carrières, les friches et autres broussailles, les voies ferrées, les talus, les rocailles, les ruines, les vieux murs envahis de lierre et les murets ou tas de pierres lui sont favorables. Elle apprécie la présence d'endroits chauds et ensoleillés au sein de son habitat. Mais bien qu'elle soit une espèce plutôt thermophile, elle ne l'est pas autant que la couleuvre verte et jaune. Elle fuit les excès de chaleur et elle a régulièrement besoin d'ombre et d'une certaine humidité ambiante qu'elle trouve sous le couvert arboré ou arbustif. Elle est donc surtout favorisée par les habitats assez hétérogènes qui lui fournissent une mosaïque de milieux.

Alimentation.

Elle se nourrit principalement de petits mammifères (campagnols, mulots, rats, souris, etc) qu'elle étouffe par constriction. En second lieu, elle grimpe dans les arbres et arbustes pour manger des oisillons et des œufs dans les nids ou chasser des oiseaux à l'affût. Les jeunes consomment surtout des lézards et des jeunes rongeurs.

Reproduction.

Les accouplements ont lieu à la sortie de l'hivernation, en avril-mai. Les combats entre mâles sont fréquents. Ils durent jusqu'à une demi-heure. La femelle pond 2 à 18 œufs oblongs ou en poire, de 35-60 x 17−25 mm. Les nids sont dans des trous d'arbre, ou dans le sol dans des matériaux en fermentation, souvent avec des œufs de couleuvre à collier. Les mâles atteignent leur maturité vers la taille de 100 cm, les femelles vers 85 cm. La longévité est de 25-30 ans.

Mode de vie et comportement.

C'est un serpent diurne. En été elle prend ses bains de soleil généralement le matin, puis elle se retire à l'ombre et recherche des proies plutôt l'après-midi. Par temps chaud elle peut être active le soir ou sous la pluie. Elle hiverne durant la mauvaise saison, sur une durée de 4 à 6 mois selon le climat local. Elle vit principalement au sol mais c'est une excellente grimpeuse, que l'on peut rencontrer postée dans les arbustes et les arbres jusqu'à plus de 15 m de hauteur. Elle peut escalader des troncs d'arbres verticaux sur plusieurs mètres si l'écorce est rugueuse grâce à ses écailles ventrales carénées. Elle monte aussi parfois jusqu'aux combles des habitations ou les balcons, à la recherche de proies. Elle se déplace assez doucement avec élégance. La couleuvre d'Esculape n'est pas venimeuse et elle est totalement inoffensive pour l'homme. Elle a de plus un tempérament assez paisible. Elle n'est pas aussi rapide et réactive que la couleuvre verte et jaune par exemple, et paraît aussi moins craintive. Lorsqu'un danger approche, elle compte plutôt sur son camouflage constitué par sa coloration et ne cherche généralement pas à fuir, elle cherche plutôt à se cacher discrètement, ou reste sans trop bouger le temps que le danger passe. Elle est ainsi assez facile à observer de prés lorsqu'on a réussi à la détecter, mais elle passe le plus souvent inaperçue. Si elle est attrapée, elle se laisse parfois faire sans trop résister si elle n'est pas brusquée. Mais dans certains cas elle peut siffler, ouvrir la gueule, mordre fortement à plusieurs reprises et s'enrouler autour du bras en serrant un peu, puis elle se calme rapidement. Sa morsure est généralement peu douloureuse bien que ses très petites dents peuvent causer des saignements superficiels. Elle peut aussi déféquer et émettre une odeur nauséabonde en vidant ses glandes cloacales.

Protection.

C'est une espèce protégée en France. Il est totalement interdit de la capturer, de la blesser et a fortiori de la tuer.

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Source :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Couleuvre_d%27Esculape