Emys orbicularis.

Nom vulgaire: Cistude d'Europe

Espèce: Emys orbicularis

Sous-espèce: E.o.orbicularis, E.o.galloitalica, E.o.occidentalis

Répartition: Moitié sud de la France métropolitaine

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Emys orbicularis est une espèce de tortues de la famille des Emydidae. En français elle est appelée Cistude, Cistude d'Europe, tortue de Brenne, tortue des marais ou tortue bourbeuse, ces deux dernières appellations étant ambiguës. C'est une petite tortue d'eau douce, palustre et carnivore, d'Europe, classée « quasi-menacée » (NT) par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

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Répartition.

Cette espèce se rencontre en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. La tortue bourbeuse est répandue dans presque toute l'Europe, sauf dans les régions centrales et dans le nord. Elle est en forte régression dans le sud de la France. La cistude a disparu de Suisse au début du XXe siècle, elle est en voie de réintroduction depuis 2010. Elle figure toujours sur la liste rouge des reptiles menacés de Suisse.

Habitat.

La cistude passe la plupart du temps dans des lieux boueux (ce qui lui vaut parfois le surnom de tortue boueuse). Elle vit donc dans les étangs, marais, canaux et lacs. Elle vit dans les canaux, les tourbières, les bras de rivière, les étangs, les eaux saumâtres et dans tous les autres milieux aquatiques où elle trouve des végétaux. Elle a besoin d'un sol meuble ou sableux et de zones ensoleillées pour déposer ses œufs.

Description.

C'est une tortue de petite taille, en moyenne 14 cm, au maximum 20 cm, avec une carapace légèrement bombée, rappelant la forme d'un galet. Cette carapace est lisse brun foncé noirâtre avec des rayures et des taches jaunes. Le plastron est brun avec un dessus jaunâtre. La peau est constellée de points jaunes. La queue est assez longue, même pour les femelles, et plus encore chez les jeunes. Les jeunes individus et les femelles ont les yeux jaunes tandis que les mâles ont les yeux rouges. Les mâles ont aussi une carapace plus plate que les femelles et sont généralement plus petits. Les femelles sont plus grandes que les mâles, ces derniers ayant une queue presque aussi longue que leur carapace. On peut percevoir les traces de la tortue bourbeuse par des œufs éventrés par des corbeaux, belettes, ou rats, ou par des œufs éclos.

Mode de vie.

Cette petite tortue est essentiellement diurne. Plutôt méfiante et craintive, la tortue Bourbeuse est surtout active aux heures les plus chaudes dans la journée. Elle passe une grande partie de son temps posée sur des troncs émergés ou à flotter à la surface de l'eau, toujours prête à s'enfuir à la moindre alerte. À l'automne, la cistude s'enfouit dans la vase qui la protège du gel, pour redevenir active au printemps. La cistude est un animal très discret, elle est très farouche et plonge au moindre bruit, ce qui la rend très difficile à repérer. Mais avec patience on peut parfois la repérer se chauffant au soleil sur un rocher au milieu d'un ruisseau. Elle fait cela par groupes de dizaines d'individus, surtout en milieu de matinée. En plus son aspect grisâtre et terne, et sa carapace arrondie lui permet de se confondre avec des galets au fond des ruisseaux. Elle bénéficie d'une vie assez longue : de 60 à 70 ans environ (Jusqu'à 100 ans en captivité).

Reproduction.

Entre début avril et fin mai, commence la saison de reproduction chez la cistude. On remarque un mâle en rut, par des yeux plus rouges qu'à l'ordinaire, et par une certaine agressivité surtout envers les femelles. L'accouplement des cistudes se déroule généralement sous l'eau et se passe normalement assez rapidement. Le mâle mord la nuque et les pattes de la femelle pour l'empêcher de tendre le cou et la maintient fermement sous l'eau, en l'empêchant d'avancer. Quelques semaines plus tard, c'est-à-dire dans une période comprise entre mi-mai et début juillet, la femelle pond ses œufs dans un lieu sec et généralement éloigné de l'eau (jusqu'à 800 m de la rive). Elle les dépose dans un trou de 6 à 12 cm de profondeur qu'elle creuse dans la terre meuble avec ses membres postérieurs. La couvée compte entre 3 et 16 œufs, avec une moyenne de 7 à 8. Ces œufs sont blancs, très fermes et de forme elliptique. Ils pèsent de 6 à 8 g. L'éclosion se produit environ 3 mois après la ponte ou après l'hivernation : les nouveau-nés pèsent 5 à 6 grammes et meurent souvent dans le nid en se frayant un chemin vers l'air libre où ils sont chassés par nombre de prédateurs : renard, hérons ou corbeaux. Après trois mois environ, généralement en août et en septembre, les petites tortues sortent du nid. Elles ne sont pas encore aptes à se reproduire et ne sont adultes qu'au bout de 10 à 12 ans. À cause de la taille du mâle qui est plus petit que la femelle, le dimorphisme sexuel est caractérisé par l'extrémité du plastron qui est légèrement incurvée chez le mâle. Adulte, la cistude n'a plus guère d'ennemis que les installations humaines et d'autres espèces de Emydidae telle que Trachemys scripta elegans, devenue invasive et sujette à transmettre ses propres parasites.

Alimentation.

La cistude est principalement carnivore, bien qu'avec l'âge elle se nourrisse de plus en plus de végétaux. Elle se nourrit d'insectes aquatiques, d'alevins (jeunes poissons), de vers, de mollusques, de crustacés, de têtards ou même elle pousse jusqu'à la nécrophagie en mangeant de petits animaux morts. La tortue bourbeuse se nourrit de poissons, de crustacés, d'amphibiens et de charognes, tout en mangeant parfois les algues et les plantes aquatiques. Il lui arrive aussi de happer des libellules au vol en se dissimulant dans la végétation.

Protection.

La Cistude est intégralement protégée en France, mais dans certaines aires de sa répartition ses effectifs diminuent fortement. Autrefois cette tortue était très commune en Europe, mais son déclin est dû à deux principaux facteurs : Sa consommation par les populations (jusqu'au début du XIXe siècle dans le sud de la France). La pollution et les activités humaines, la principale cause de la diminution des populations de cistudes : la canalisation, bétonnage et pollution des cours d'eau abîment les biotopes de la cistude et les incendies également la menacent. La cistude pourrait souffrir aussi en France d'une concurrence sur sa niche écologique due à la Tortue de Floride (Trachemys scripta elegans) et de la Tortue hargneuse (Chelydra serpentina). Néanmoins, aucune étude n'a pour l'instant permis de mettre en évidence la compétition entre ces deux espèces. Il n'y a qu'en Afrique du Nord qu'elle est encore abondante. En France, certains parcs animaliers (membres de l’Association française des parcs zoologiques), autorisés à présenter et élever des cistudes peuvent participer à des programmes de réintroduction de la cistude ; ainsi la Réserve zoologique de la Haute-Touche (un parc zoologique proche du Parc naturel régional de la Brenne) a obtenu en 2015 la naissance de 120 cistudes, destinées à repeupler des zones marécageuses bordant le lac du Bourget en Savoie (où elle n'est plus présente depuis la fin des années 1800). Ces animaux s'ajouteront à une centaine de cistudes déjà réintroduites en Savoie (dont une soixantaine en 2014), en lien avec le Conservatoire des espaces naturels de Savoie. En 2015, il y aurait ainsi entre 150 et 300 cistudes en Savoie. Un programme de réintroduction est en cours en Alsace, conduit par la Réserve naturelle de la petite Camargue alsacienne et le Conseil départemental du Bas-Rhin ; cependant à cette occasion la question de l'indigénat a été posée (absence de preuve) et par là même le bien fondé de cette introduction. La cistude a disparu de Suisse au début du XXe siècle, elle est en voie de réintroduction depuis 2010. Les zones humides ayant fortement régressé au cours des deux derniers siècles en Suisse, les populations de cistudes ont disparu de plusieurs régions. Elle figure toujours sur la liste rouge des reptiles menacés de Suisse.

Etymologie.

Le nom cistude vient du latin testa, signifiant coquille, carapace.

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Source :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cistude